La plupart d’entre nous, pensons que nous ne serons jamais concernés par le burn out : on se croit tous « plus fort » que les autres. Je vous mets à l’aise tout de suite : moi aussi je l’ai pensé, mais ça, « c’était avant ! » oui ! avant de le vivre moi-même ! Et je vous explique pourquoi c’est archi faux !
La maladie « des bons élèves »
Pour s’épuiser au travail : il faut être engagé dans son travail, il faut vouloir réussir et se donner les moyens de réussir : on ne compte pas ses heures, on se montre toujours disponible aux sollicitations de notre entreprise, même tard le soir, même le Week-end…et on trouve ça tout à fait normal !
Après tout, on a un poste à responsabilité, une rémunération en conséquence, une « place » dans l’organisation. Alors on estime qu’il est normal de se donner en retour de ce que l’on reçoit : une reconnaissance sociale, un salaire, un sentiment d’utilité…Il y a sans doute un peu d’égo aussi dans tout ça…Peut être même parfois la volonté de ne pas décevoir, d’être à la hauteur pour plaire, être « aimé » et reconnu de son entourage.
Bref, on a chacun ses propres moteurs, qui nous poussent à « vouloir bien faire son travail ». Mais une chose est sure, c’est qu’aller jusqu’à l’épuisement professionnel, signifie que l’on donne beaucoup. Le burn out touche les individus les plus impliqués, les plus engagés. Ils sont très souvent reconnus au sein de leur organisation comme de bons professionnels, investis.
Donc NON le burn out, ne touche pas par définition, « LES FAIBLES »
Renvoyer la cause du problème sur l’individu, ça arrange tout le monde…
Alors pourquoi cette pensée comme quoi le burn out ne concerne que les faibles, les personnes fragiles, est-elle aussi répandue ? Et bien tout simplement car elle permet à l’organisation de ne pas se remettre en cause. Quand Mr Dupont flanche, c’est quand même bien plus facile de penser que Mr Dupont « n’était pas à la hauteur », « qu’il n’a pas su s’en sortir », ou « qu’il avait aussi des problèmes personnels » et que l’ensemble a fait un joli feu d’artifice !
Oui, parce que le contraire, ça voudrait dire quoi ? Que le manager n’a pas détecté les alertes dans le comportement de son collaborateur ? qu’il n’a peut-être pas répondu à ses alertes ? Qu’il n’a pas gérer la situation ? Que l’entreprise aurait dû mettre en place des ressources supplémentaires pour traiter certaines tâches ? revoir une organisation du travail ou une répartition des tâches ? Mais dans les entreprises aujourd’hui, on a très peu de temps, et souvent peu de moyens…Dommage pour Mr Dupont…
Alors très souvent, il faut qu’il y ait plusieurs burn out voire une catastrophe, pour que l’entreprise accepte de repenser son organisation. Sinon, la roue continue de tourner, et on prend un 2ème Mr Dupont…et le 1er Mr Dupont ? il pense, comme l’entreprise, qu’il n’a pas été à la hauteur…Et ça arrange tout le monde. C’est profondément faux, mais plus simple à gérer !
Analyser les éléments déclencheur de son burn out permet de se déculpabiliser
Toutes les personnes touchées par un burn out ont toutes en commun ce sentiment de « ne pas avoir été à la hauteur », ce qui renforce leur déprime par ailleurs. Sabine Bataille, sociologue réputée sur la question du burn out, parle d’un « chagrin d’honneur tabou », je trouve que l’expression est bien trouvée. La peur du regard des autres, des collègues. Puisque l’organisation ne remet rien en question, c’est forcément moi le problème !
L’analyse du burn out et de ses éléments déclencheurs, permet de comprendre la mécanique dans laquelle nous nous sommes pris les pieds dans le tapis. Elle permet de prendre du recul, de l’analyser avec distance pour comprendre que ce n’est pas une question de compétences et ainsi retrouver confiance en soi. C’est une étape essentielle pour pouvoir rebondir.
La non gestion de la cause du burn out provoque la fuite des talents
Le fait que l’entreprise soit restée sourde et aveugle et qu’elle ait préférée ne rien modifier de son organisation, fera très souvent, que le nouvel élan de cette personne, ne pourra se faire qu’à l’extérieur de l’entreprise : la confiance est cassée, lui / elle qui s’est tant donnée pour l’entreprise, a le sentiment de s’être fait abusé(e), et de ne pas être respecté(e).
Sans compter les dégâts que cela peut créer au sein de l’entreprise : les autres, « les survivants » comprennent qu’il va falloir continuer de cravacher, que les faiblesses ne sont pas pardonnées, qu’il faut être fort, ne rien lâcher. Mais ils perçoivent également, le manque d’estime dont l’entreprise a fait preuve et cela impacte indéniablement leur attachement à l’entreprise, leur fierté d’appartenance. Or ce sont 2 éléments essentiels de l’implication et de l’engagement des salariés.
Actuellement proche du plein emploi pour les cadres, la bataille des talents deviendra de plus en plus rude pour les entreprises. Le bien vivre au travail, j’en suis convaincue, deviendra un élément incontournable pour attirer les nouveaux talents.
Moralité : que les entreprises continuent à penser que le burn out ne concerne que les faibles, et les bons iront voir ailleurs… ! CQFD ????
